Problématique n°1 : Le Land-Grabbing, ou l’accaparement des terres par les investisseurs étrangers

Nous le savons, les pays entre eux présentent des écarts de richesse non négligeables qui entraînent la domination économique de certains pays/certaines entreprises sur l’accaparement des terres étrangères, le plus souvent des terres utilisées dans le cadre d’agriculture familiale.

Face aux problèmes de sécurité alimentaire actuels, aux contraintes climatiques et surtout face à la domination du capital sur l’accès à la propriété, certains pays et entreprises n’hésitent pas à investir dans les terres agricoles à l’étranger pour pouvoir satisfaire leur autosuffisance alimentaire ou leur désir d’accroissement de leur production alimentaire et énergétique : c’est le Land-grabbing, ou en français l’accaparement des terres.

Ce sont les pays du Sud qui en sont les plus tributaires car les états sont les moins réticents à accepter les lourds capitaux étrangers en échange de leurs terres. Ce phénomène s’observe donc surtout en Afrique, dans les pays les plus pauvres où la loi du plus riche semble s’imposer sans restriction. En effet, une bonne partie du continent encore à la marge, où se mêle insécurité, pauvreté et insuffisance alimentaire. Une bonne partie des terres qui sont inexploitées se voient accaparées, parfois au détriment des espaces naturels et forêts.

Ce constat n’a pas échappé à certains pays, société ou encore investisseurs. En effet, suite à la crise alimentaire de 2008, certains pays pour des raisons climatiques ou démographiques ont décidé d’intensifier leurs investissements étrangers pour profiter du berceau de l’humanité pour y produire des denrées. Et dans un continent où l’instabilité politique est de mise dans la majorité des pays, les investisseurs n’ont pas hésité à racheter des terres au détriment de la population locale, souvent à grand coup de corruption des hommes puissants du pays. Pour appuyer nos propos nous allons vous faire part d’une affaire qui a eu lieu autour des années 2010.

Ce cas concret prend lieu au Sénégal, pays où l’agriculture représente 50% de la population active. En 2010, un projet émerge de la société Senhuile-Senéthanol pour cultiver des patates douces pour la production de biocarburant destiné au marché européen sur 20 000 hectares dans la région de Fanaye, au nord du Sénégal. Sans aucune délibération locale et avec l’accord des responsables politiques, la société investit les lieux. Cette arrivée d’entreprise fait suite à la crise de 2008, où le gouvernement Sénégalais a lancé le plan GOANA : Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance. Mais au lieu de favoriser une agriculture locale, le gouvernement a préféré s’orienter vers une politique d’agro-business. On se doute donc que l’implantation de la société Senhuile-Senéthanol sur des terres sénégalaises n’est pas due au hasard mais sans doute due à un accord économique entre cette société et le gouvernement. Comme la région est plutôt dans l’élevage, l’implantation d’une grande structure de production végétale a suscité un réel problème. Ceci a donc donné lieu à des protestations car aucun membre de la localité n’avait été averti d’un tel projet. Car il faut savoir qu’au Sénégal, les décisions d’affectations des terres rurales sont régies par le Conseil de la Communauté Rurale. Ce conseil se compose d’élus locaux et malgré leur désaccord du projet, il est finalement adopté. Malgré des sollicitations des exploitants locaux vers le gouvernement et vers d’autres autorités compétentes, ces protestations sont restés muettes. Le combat a continué et le 26 octobre 2011, des affrontements violents ont eu lieu ayant comme résultats plusieurs morts et de nombreux blessés. L’Etat devant ingérence décide de délocaliser le projet dans la réserve naturelle de N’Diael.

Les mêmes constatations sont apparues dans la réserve naturelle, les habitants de la région se sont vues retirer les terres, empêchant aux éleveurs de faire pâturer leurs animaux librement.

Aujourd’hui, la société Senhuile-Senéthanol rebaptisé Senhuile a réussi son implantation au détriments des habitants.

Sur leur site, on peut trouver ce genre d’information : « Senhuile a mis en culture 300 hectares d’arachide, 1.000 hectares de riz et 1.000 hectares de maïs, destinés entièrement au marché local. »

Malgré des demandes de contact répétitives, nous n’avons pas eu d’autres informations sur les conditions actuelles des habitants. Malgré l’implication sociale de la société, nous restons dubitatifs quant à la véracité du projet. Nous tirons des conclusions amères cette affaire car dans ce genre de cas : La raison du plus riche et donc du plus fort triomphe toujours, principalement dans un état où les représentants politiques sont très influençables.

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Sources :

https://www.oxfam.org/fr/campagnes/questions-et-reponses-sur-les-accaparements-de-terres

Cliquer pour accéder à sos-14-feuillet-senhuile.pdf

http://www.dakaractu.com/Impacts-negatifs-d-un-projet-agro-industriel-a-Gninth-Une-ONG-brule-Sen-Huile-Sen-Ethanol_a61261.html

https://www.grain.org/fr/article/entries/4814-qui-est-derriere-senhuile-senethanol

http://www.senhuile.com/

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